Des bruits de course retentissaient dans la forêt, dérangeant les créatures nocturnes qui chassaient pour se rassasier. Une silhouette aux courbes généreuses, très certainement une femme, courrait à en perdre halène, comme si elle avait le diable à ses trousses, ce qui était sûrement le cas d'ailleurs. Suivit par une seconde silhouette, celle ci arborait un sourire malsain qui étirait ses lèvres, dévoilant des canines plus longues que la normal. Le poursuivant ne semblait pas essoufflé, pas comme sa proie, il semblait même ressentir un plaisir malsain à rester derrière elle, goûtant le mince espoir qu'elle avait de pouvoir lui échapper. La respiration saccadée de la première silhouette raisonnait dans la forêt alors que cette dernière était étrangement silencieuse.
Soudain, la femme s'arrêta, faisant face à son poursuivant qui affichait un rictus méprisant. Ses canines accrochèrent un éclat de lune et d'une voix langoureuse il susurra :

- Fini de jouer maintenant. Ce petit jeu devient lassant.

Et sans faire attention aux suppliques de sa victime, le prédateur l'immobilisa et plongea ses crocs dans sa gorge sans douceur, arrachant un cri muet à sa proie, qui, trop terrorisée, était figée, sentant peu à peu la vie la quitter. Seul le désagréable bruit de succion se faisait entendre dans la forêt, jusqu'à ce que le corps dans ses bras ne devienne mou, glissant lentement au sol, attirant sur le visage blafard un rictus effrayant. Les yeux encore rougeoyant, il leva la tête et son regard capta les lumières lointaines d'une grande ville. Son sourire s'étira, oui, il l'avait trouvé, celui à cause de qui il était resté prisonnier...

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Haletant, les mains poser sur les genoux, le dos courbé, Ryonosuke tentait tant bien que mal de reprendre sa respiration. Il n'avait pas vu l'heure et il était, pour ne pas changer, encore une fois en retard. Donc, tout en tentant de reprendre une respiration un tant soit peu normal, il jurait tout ce qu'il savait, maudissant les dieux de jouer ainsi avec lui. Après avoir reprit un peu de contenance, il se redressa et accéléra le pas, entrant dans le bâtiment qui lui faisait face.
Ryonosuke, cheveux noirs et longs attachés en une tresse qui lui descendait sous les fesses, l'apparence d'un jeune homme de 19-20 ans, un mètre soixante quinze à tout casser, une silhouette élancée, presque fragile comme dirait certains, mais comme c'est sa nature qui veut ça dans la globalité... Une stature 'de mannequin', toujours dixit les autres, mais pas dépourvu d'une musculature bien présente, et pas toujours remarquée. Et ses yeux, c'est ce que l'on remarque en premier sur son visage, des yeux bleus cobalt, profonds, envoûtants. A ses propres yeux, il n'est qu'un 'ado' banal et il ne semble pas le moins du monde conscient de l'attrait qu'il a aux yeux des autres.
Ses pas précipités le menèrent donc à un escalier d'on il monta les marches quatre à quatre. Il n'avait pas vu l'heure, et il allait se faire passer un savon, il en était sur. Vous vous demandez sûrement où est ce qu'il se rend aussi précipitamment n'est ce pas ? Eh bien en fait, il ne peut pas être appelé un élève modèle, et il avait encore eu une retenue. Je vous passerais donc les détails de cette entrevue fort intéressante pour poursuivre environ deux heures plus tard, il était vingt heures, et il faisait désormais plus que nuit.
Un soupir las échappa à Ryo, mais il ne traîna pas, préférant regagner l'appartement qu'il habitait depuis presque deux ans déjà. Pressant le pas, il mit bien une demi heure à regagner son logis, croisant encore beaucoup de monde dans cette grande ville. Les mains dans les poches, le nez dans son écharpe, il ressemblait à n'importe quelle personne de cette ville, il avait mit du temps à prendre les habitudes des humains, mais il ne s'en sortait pas trop mal. Peu intéressé par l'idée d'attendre ascenseur, et donc de s'immobilisait, il décida de gravir les cinq étages de l'immeuble pour regagner son appartement, ce qu'il fit sans semblait plus dérangé que ça. Dans des gestes mécaniques, il ouvrit la porte et la referma derrière lui. C'est à ce moment précis, où il se retrouva devant une grande baie vitrée donnant sur la ville, qu'un violent frisson lui remonta le long de la colonne vertébrale, le faisant grimacer et jeter un coup d'oeil par la fenêtre, sondant la nuit.
Il sentait tout au fond de lui, il en avait la conviction, que tout venait de ce mettre précipitamment en marche, et qu'il n'allait pas apprécier ces brusques changements.

Dans un studio pour jeune étudiant riche et rêvant de plus de liberté, régnait une atmosphère chaleureuse et calme alors que le soleil n'avait pas même encore pointé le bout de son nez. Ce n'était pas le genre de studio, bien sur, que l'on acquérait facilement, il va s'en dire que les parents de la personne vivant ici devait s'être rendu compte du trou qu'avait laissé cet achat dans leurs économie. Enfin bref.
Le cri strident d'un réveil matin retenti dans une des chambres, vite suivit par un grognement étouffait. Une main vive sortie de sous la couette et envoya avec une force surprenante le démon du matin finir sa vie contre le mur d'en face dans un bruit de fin du monde. Une fois un calme relatif de nouveau installer, un mouvement se fit sous la couette suivit par la couette elle même qui se redressait, dévoilant l'occupant du lit, les yeux bouffis et des larmes de sommeil perlant dans les coins de ceux ci, les cheveux en pagailles, lui donnant un air vraiment pas réveiller. Grognant plus par habitude que par véritable agacement, Ryonosuke se dirigea vers la salle de bain où il s'engouffra avant d'en fermer la porte sans la moindre douceur.

Une vingtaine de minutes plus tard, le jeune homme montrait une mine plus réveillé et moins... zombifiée. Il s'étira, et soupira de bonheur une fois son corps entièrement détendu. Ses pas le menèrent vers la cuisine où il se prépara un déjeuner sommaire mais qui le ferait tenir jusqu'à la pause de midi. Tiens... mais pourquoi donc devait il se presser déjà ? Machinalement, son regard glissa sur le calendrier, puis sur l'heure qu'affichait l'horloge. Ce manège dura près d'une minute avant que ses yeux ne s'écarquillent d'horreur et qu'il ne se lève d'un bon, envoyant la chaise au sol qu'il ne prit pas la peine de redresser. Tout ce passa ensuite très vite, l'adolescent se précipita dans sa chambre en coup de vent, attrapant sa veste et son sac de cours à la volée et ressortant plus vite qu'un courant d'air rapidement. Grognant, ses clefs en main, il ferma rapidement la porte de son studio et se précipita dans les escaliers qu'il descendit quatre à quatre après avoir patienté devant l'ascenseur pendant dix horribles secondes. Les dix horribles secondes achevées, il n'avait pas résisté et s'était précipité dans les escaliers, dévalant cinq étages aussi rapidement que possible et croisant quelques personnes qui le regardait avec un air amusé. Chaque jour c'était la même chose. Et comme chaque jour, il serait en retard.

Quand il arriva à l'arrêt de son bus et qu'il se rendit compte que c'était trop tard pour ne serait-ce qu'espérer l'avoir, il entreprit de marcher tranquillement. De toute façon, pourquoi ce presser ? C'est pas comme si ça allait le faire arriver à l'heure. Il repensa au mauvais pressentiment qui l'avait assailli la veille. Se questionnant sur la possible origine de celui ci, il fut brutalement sortit de ses pensées quand il failli rentrer dans un poteau. D'ailleurs il ne dut son salue qu'à l'intervention d'une personne qu'il aurait souhaité ne jamais croisé en cette matinée si merveilleusement bien commencée (notez l'ironie). Gabriel Artrey. Un sale gosse de soit disant un an son aîné. Le vampire grommela et fixa les yeux yeux moqueurs de son vis à vis avec un regard assez énervé. Le jeune homme le lâcha, un sourire mesquin placardé sur le visage.

- Ben alors ? Le grand Ryonosuke Dark (nom d'empreint) aurait-il la tête ailleurs ?

Sans répondre à la question, le dit Dark répliqua.

- Moi au moins je penses à quelque chose. Pas comme certains.
- Oooh ? La demoiselle aurait-elle des crocs ?
- Et le crétin aurait-il des problèmes de vue pour confondre un garçon à une fille ?
- Excuse moi Ryo-Chan ! Mais avec tes cheveux longs et ta petite taille, ça prête à confusion tu devrais le savoir !
- Qui c'est qui est petit ?! S'énerva le dit Ryo-Chan.
- Et bien toi, qui d'autre ? Ricana le blond.

Une veine pulsa sur la tempe du vampire qui offrit un sourire bien trop grand pour être vrai à l'ado devant lui. C'est à ce moment là qu'une jaune fille pleine d'énergie sauta au cou de Ryonosuke tout en s'exclamant avec enthousiasme qu'elle était ravie de le revoir, qu'il lui avait manqué pendant ces deux jours où, je cite, « c'était un calvaire car ma mère voulait pas que je vienne te voir alors que je voulais travailler avec toi ! » La bonne blague ! Tout ce qu'elle aurait fait aurait été de le harceler jusqu'à ce qu'il crache le morceau sur son heure de retenue en plein week-end. Sont sadiques ces profs ! Enfin bref. Gabriel, qui était au passage fou amoureux de la jeune demoiselle, vit rouge lorsqu'elle se jeta à son cou sous le regard ennuyé de l'ado aux yeux bleu cobalt. Ambre, puisque c'était son nom, ce tourna vers l'ado blond lorsqu'elle remarqua que celui ci été présent et lui dédia un splendide sourire qui fit s'évaporer la colère qu'il avait à l'encontre de notre cher Ryo.

- Ryo ! Je suis trop contente de te voir tu peux pas savoir comment !
- Si, je le sais... tu viens juste de me le dire à l'instant même, avec plus de détail pour raconter ces deux journées que lorsque le prof demande à Mia de raconter ses vacances.
- Tu es méchant ! Mia est super sympa, elle est juste timide !

La jeune fille le fixa avec un air courroucé jusqu'à ce qu'il est la décence de paraître gêné et de baisser les yeux devant la jeune femme qui eu alors un sourire triomphant. Elle se tourna ensuite vers Gabriel, lui souhaitant une bonne journée car ils étaient très en retard en cours.
C'est donc d'un bon pas que les deux adolescents ce dirigèrent vers leur lycée, pour y arriver une heure plus tard, c'est à dire, à la fin de la première heure de cours. Cela va sans dire qu'ils se firent passer un savon par tout les adultes qu'ils croisèrent. Enfin, c'était plus Ambre, car c'était une excellente élève, calme, sympa et studieuse, que pour lui que les profs avaient l'habitude de voir en retard et en heure de colle. Il y en avait même un qui avait eu le culot de réprimander la jeune fille sur sa fréquentation avec, je cite de nouveau « ce cas désespéré qui risquerait de vous conduire sur une mauvaise pente. » Pas la peine de préciser qu'il l'avait assez mal pris. Mais il n'avait pas alors prononcé une parole que Ambre, sa douce et gentille petite ange, rembarra le prof avec un calme et une politesse qui avait du être assez flippant. Vu le ton froid qu'elle avait prit... Il se le promettait, jamais il ne mettrait la jeune fille en colère !

Le reste des cours de la journée se passèrent relativement bien. Si bien ce passer pouvait s'adapter à : dormir en cours, se faire engueuler par sa meilleure amie parce qu'il n'écoutait rien et par conséquent ne réussirait jamais ses études, se faire passer un savon par les profs qui l'avaient vu dormir, lui reprochant la même chose que Ambre etc...
Une journée banale en fait. C'est donc affalé sur la table du dernier cours (des maths, quelle horreur !), que Ryo se trouvait, un soupir de contentement lui échappant alors que le son de la libération retentissait. Son amie qui avait un club après les cours ce jour là lui souhaita une bonne soirée avant de s'éclipser.
Le jeune homme se leva lentement de sa table avant de sortir, son sac balançait négligemment dans son dos et il monta dans le bus qui le ramènerait chez lui. Il s'affala sur le premier siège de libre qu'il trouva et se mit à observer le paysage défiler alors que le véhicule s'arrêtait pour redémarrer, jusqu'à ce qu'ils atteignent son arrêt. Le vampire s'étira et décida de patienter pour l'ascenseur ce soir là. Lorsque les portes automatiques s'ouvrirent, il s'engouffra à l'intérieur et ce mit à réfléchir. Toute la journée avait été d'une banalité affligeante, la routine quoi, et c'était ce qu'il appréciait dans sa nouvelle vie. Le *ting* caractéristique de l'ascenseur qui s'arrête à un étage lui fit redresser la tête et il remarqua que c'était son étage. Sortant ses clefs, il les fit tourner dans la serrure et s'engouffra dans son immense appartement. Traversant le salon, il déposa sa veste et son sac sur le dossier du canapé et s'étendit sur celui ci, sa longue tresse noire balayant le sol à chacun de ses mouvements. Sa fine ouïe lui permit de capter le son de deux respirations et de bruits de pas bien avant qu'on ne frappe à sa porte, menaçant de la faire sortir de ses gonds à chaque coups. Grognant, épuisé par sa journée, Ryo' se dirigea vers la porte en soupirant et l'ouvrit. C'est à ce moment là qu'il se figea.
Premièrement, les deux personnes qui lui faisait face n'était définitivement pas humaine, sauf peut être le type derrière celui qui avait failli défoncer sa porte, mais c'était encore autre chose. Le sourire qu'arborait le jeune homme châtain ne lui annonçait rien qui vaille. Il aurait du sentir les odeurs avant d'ouvrir ! Mais quel crétin il faisait parfois ! Il se serait bien frapper la tête contre un mur si il n'avait pas peur qu'on le prenne pour un fou. Quoique... ce serait une idée envisageable si ça pouvait faire fuir ces deux importuns. Le loup-garous, parce que ça en était un, qui lui faisait face s'exclama d'une voix parfaitement enjouée qui lui fit grincer des dents.

- Salut ! Tu dois être Ryonosuke ! Figure toi qu'on nous a chargé de te ramener avec nous chez toi !
- Hors de question !

Sa réponse avait été claire et bien compréhensible, aussi, sans plus de cérémonie, il referma la porte au nez de ses visiteurs, non sans avoir lancé un sale regard au hunter. Oui oui, vous avez bien lu, le type derrière le loup-garous est un hunter. D'ailleurs pour ce qu'il fait là, c'était un grand mystère. Le bruit d'une arme à feu qu'on charge le fit soupirer et c'est d'une voix las qu'il soupira.

- Ça, c'était pas prévu...

Et la porte s'ouvrit avec fracas.